Les désobéissances de Simone Veil !
Survivante de la tragédie des camps de la mort. Combattante pour la mémoire de la Shoah, pour la liberté des femmes, avec la loi légalisant l’avortement, pour la dignité des hommes, notamment en prison. Artisane de l’Europe. Mariée. Mère de trois fils, Simone était une femme ferme, libre, une femme d’exception qui savait ce qu’elle voulait. Voyons ensemble ses désobéissances !
Ce qui la caractérise : le courage, la détermination, l’ouverture, la lumière, l’incarnation de notre mémoire pour les générations d’hier et celles de demain. Elle était libre mais pas libéré de tout. Rebelle et intransigeante. Discrète et pudique. Et comme l’avait déclaré Jean d’Ormesson à la tribune de l’Académie française, elle était « belle ». Elle incarnait notre histoire française et nous laisse en héritage une vie d’exception.
Ce qui est frappant dans le parcours de Simone, ce sont ces ruptures qu’elle a créés avec les conventions. A chaque avancée, elle a désobéi.
Première désobéissance : Faux papiers
Pendant la guerre, à Nice, dans le sud où elle y vivait avec sa famille, elle circule avec de faux papiers pour échapper aux rafles.
Deuxième désobéissance : inconscience ou audace !
Alors qu’elle est jeune lycéenne. Avec de faux papiers, elle passe son bac (à l’âge de 16 ans). Malgré une situation sous surveillance, elle décide de célébrer la fin des examens avec ses camarades. C’est la guerre et la chasse aux Juifs. Elle est alors arrêtée dans la rue par la Gestapo avec de faux papiers, immédiatement reconnus comme tel. C’est la descente aux enfers. Drancy. Auschwitz-Birkenau. Bobrek. Bergen Belsen. Elle voit le ciel noirci par la fumée des crématoires. Une désobéissance qui lui coute cher !
Troisième désobéissance : Mère et Magistrate
Après la guerre, et son bac en poche, elle entreprend des études de droit et rencontre son époux Antoine Veil. Trois fils. A côté de sa vie de famille, elle devient magistrate.
Son mari est son premier opposant mais elle tient bon et parvient à le convaincre.
Alors que son troisième fils n’a que trois semaines. Elle veut travailler. Désobéir et se rendre utile. Elle n’a jamais oublié sa famille. Elle sera un phare pour ses enfants. Tout au long de sa carrière, elle sera attentive à ce que son mari ne se sente pas Monsieur Simone Veil. Bel exemple d’empathie !
Elle a conduit des missions dans les prisons insalubres de France et d’Algérie. Au fond, le combat de sa vie était de lutter contre les souffrances les plus ignobles, contre les humiliations. D’ailleurs, tout est lié. Elle aurait pu basculer dans la haine ou donner des leçons. Non. Elle a décidé de lutter contre toutes les humiliations des femmes, des pauvres, des rejetés etc. C’est ce qui faisait sens pour elle.
Son ami Jean-Louis Borloo ne l’a jamais entendu faire la leçon. « Elle montrait l’exemple. Elle y allait avec sobriété. Pas de longues phrases. On est convaincue, on a peur de rien parce que c’est juste. Elle était tout sauf narcissique. Souvent on prend des causes qui vous grandissent vous. Non elle, c’était, les causes qui étaient grandes. »
On est clairement au sommet de la pyramide de Maslow, donner du sens à un profond malheur.
Quatrième désobéissance : Femme politique courageuse
Consciencieuse. Appliquée. Jongleuse. Elle accepte la mission que lui confie en 1974 Jacques Chirac et Valérie Giscard d’Estaing. Le ministère de la santé et l’épineux dossier sur le recours à l’avortement. Elle fait face aux anti IVG, le combat est rude : insultes, humiliations verbales, menaces, Pas une seconde elle est mise à genou. Elle trouve la force dans son vécu. Dans ses souvenirs des camps de la mort. Rien ne l’arrête, ni insultes, ni ignominies, ni obscénités. Elle obtient gain de cause.
Au caractère bien trempé. Elle est une ministre respectée et crainte.
Cinquième désobéissance : l’Europe, son autre combat de vie
Tempérament, caractère, affirmation de soi, authenticité la font devenir la toute première présidente femme du Parlement européen. La réconciliation de l’Europe était son autre combat de vie. Qu’elle a nourri dès qu’elle a été libérée. « Le 20ème siècle a été si horrible, si barbare » à ses yeux. Elle s’acharne à construire une Europe humaine et humaniste pour que plus jamais cela ne se reproduise. Faire l’Europe l’a réconciliée avec le 20ème siècle.
Au conflit Yougoslave, elle s’insurge. Elle refuse d’entendre les horreurs du passé.
La cause Europe. Elle l’a défendue jusqu’à la coupole de l’Académie française.
Ce sont des voix comme la sienne qui sont capables de dire stop.
Son histoire, son vécu lui donne une telle aura, une telle force, un tel charisme, une telle légitimité que Simone Veil est une femme respectée de toute la classe politique de tous bords. Pourquoi ? parce qu’elle a été capable de pardonner là où d’autres auraient entretenu haine et amertume. Des boulets pour avancer sur son chemin de vie perso ou pro. Ca vous parle ?
L’obsession de Simone Veil quand on parle de l’Europe : instaurer un climat qui permette aux individus français et aux individus allemands (pas les états) de s’aimer et de se respecter. Pour Simone, la reconstitution franco-allemande, c’est celle de l’institut Goethe. Elle était inquiète qu’on apprenait moins l’allemand en France et moins le français en Allemagne.
Malgré les horreurs des camps de concentration, elle reconnaît avoir eu une vie très pleine et profité de chaque chose de sa vie, en pleine conscience. Simone n’a pas seulement existé, elle a honoré la vie qui lui a été accordée.
Enième désobéissance : l’Académie française pour couronner le tout !
Son entrée à l’Académie française est une consécration naturelle. Elle est la 6ème femme à y entrer. Elle y occupe la place de Racine. Elle maitrise l’art des mots parce que ça lui vient du ventre et pas seulement de la tête.
En matière de coaching, il est courant que le coach propose à son client de recueillir, auprès de son entourage, son feedback sur ce qui lui est souvent caché sur lui-même. Comment est-ce que tu me vois ? Comment est-ce que tu me sens ? Les retours sont souvent surprenants. Déroutants. Toujours vrais. Cela se ressent.
A propos de Simone Veil. Ses amis intimes -les vrais- la décrivent comme une femme qui porte tous les visages d’une femme :
Forte mais féminine
Meurtrie mais combattante
Affectueuse et douce
A la stature d’une grande dame
Qui incarne la dignité, le courage et la droiture
Qui est une de ses grandes consciences de la France
Dont la vie est une référence pour les jeunes d’aujourd’hui
Qui appartient au quotidien de chaque français, Qui était la France
Qui était une grand-mère normale
Qui représente la femme dont on est fier
Femme de combat pour qui l’Europe était la paix et non un jeu ou une belle idée
Femme passionnée, violente, emportée, ardente et drôle
Pour qui la haine n’est pas la vie
Qui a vécu ce que nous lisons
Qui a réussi par une parfaite profonde maitrise d’elle-même
Courageuse et déterminée
Attentive aux femmes en détresse
Femme d’actions
D’une voix forte
Pour des causes utiles et justes
D’une autorité naturelle, calme et tranquille
…
Par l’action, par l’exemple, Simone montre comment être juste, pousse à avoir des idées claires, encourage à creuser derrières les apparences et à agir avec le cœur aussi. Simone Veil est une femme courageuse… c’est souvent ce qu’on dit d’elle.
Sa Résistance et son élégance font d’elle un des personnages préférés des Français.
Je rejoins ces bonhommes de l’Académie française et Jean d’Ormesson qui lui ont déclaré à son arrivée à l’institution : « nous vous aimons Madame ! ».
Désobéir. N’est-ce pas agir librement ? Prendre ses responsabilités et les assumer ? Etre en dehors de la normalité pour davantage écouter une cohérence qui est en vous ? Désobéir c’est manifester un désaccord avec un schéma qui ne vous convient pas. C’est aussi dénoncer une injustice. C’est vrai. C’est lié à la liberté. Celle d’agir où cela vous semble juste.
Alors. A la lecture de ce fabuleux parcours de Simone Veil, avez-vous pratiqué de grandes ou de petites « DésobéissanceS » ? Comment faites-vous pétiller votre parcours ? Partagez avec nous ! Les miennes sont en partie inscrites ici.